On remarque, posé au milieu de la fertile et large
plaine de la rive gauche de l’Adour, au pied des coteaux boisés, et sur la
gauche de la route qui mène de Cazères à Duhort Bachen, juste après le hameau et
les ruines du vieux moulin de Cantiran, un ensemble imposant dominé par les
toits pointus de quatre tours d’angle.
C’est le château Saint-Jean et ses haras de la Castelle, ensemble
de bâtiments et dépendances autour d’une cour carrée, mais pas seulement.
Ce sont aussi les vestiges de la
très ancienne abbaye de Saint-Jean de la Castelle, autrefois appelée Gratia Dei
( Grâce Dieu), dont l’origine est un couvent bénédictin qui existait déjà dans la seconde moitié du
XIe siècle puisqu'il est mentionné dans
une charte de Saint-Sever du 5 mai 1070, mais dont on ne sait rien d’autre.
Au milieu du XIIe siècle, Pierre, dit de Lobaner,
comte de Bigorre et vicomte de Marsan (le fondateur de Mont-de-Marsan), releva
l’ancien couvent de ses ruines et fonda l’église entre 1140 et 1163, date de sa
mort. Pierre de Marca précise dans son Histoire du Béarn (1640) que cette
fondation aurait eu lieu à une demi lieue de l’emplacement du premier monastère
dit de la Castelle, dont le souvenir est
conservé par le lieudit du même nom au sommet du promontoire de Duhort .
Il en fit don au monastère de la
Case Dieu, maison mère, et y appelle l’Ordre des Prémontrés, vers 1159
Les bâtiments de cette nouvelle
abbaye furent anéantis lors des guerres de Religion. Les huguenots de
Montgomery ont détruit les bâtiments et ses archives le 7 septembre 1569,
anéantissant les titres de propriété et les anciens manuscrits brûlés ou volés. Selon Monlezun dans son
Histoire de la Gascogne (1850), on y brûla quelques religieux au pied d’un
ormeau qui s’élevait à la porte du monastère.
Après un incendie en 1728, un
nouveau monastère fut bâti entre 1740 et 1760, et en 1766, on comptait seize
clercs dans le monastère et quatorze dans la paroisse. En 1789, les dix clercs
encore présents durent s'exiler lors de la Révolution qui mit un terme
définitif au rayonnement de l’abbaye
Saisie lors de la Révolution, elle devint un temps propriété de la la ville de Saint-Sever, puis offerte à la famille de Caupenne d’Amou en dédommagement d’un prêt consenti, pour la reconstruction de la cathédrale de Dax. Ne reste aujourd’hui que le logis
de l'Abbé, transformé en château. Le reste, comme la chapelle et le cloître, fut
démoli au XIXe siècle (1832) et le
mobilier dispersé aux environs. Ainsi, le portail d'entrée fut démonté et
transporté en 1839 pour être remonté au
château d'Amou.