lundi 9 juillet 2012

de l'abbaye au château




On remarque, posé au milieu de la fertile et large plaine de la rive gauche de l’Adour, au pied des coteaux boisés, et sur la gauche de la route qui mène de Cazères à Duhort Bachen, juste après le hameau et les ruines du vieux moulin de Cantiran, un ensemble imposant dominé par les toits pointus de quatre tours d’angle.
C’est le château Saint-Jean et ses haras de la Castelle, ensemble de bâtiments et dépendances autour d’une cour carrée, mais pas seulement.

 
Ce sont aussi les vestiges de la très ancienne abbaye de Saint-Jean de la Castelle, autrefois appelée Gratia Dei ( Grâce Dieu), dont l’origine est un couvent bénédictin  qui existait déjà dans la seconde moitié du XIe siècle  puisqu'il est mentionné dans une charte de Saint-Sever du 5 mai 1070, mais dont on ne sait rien d’autre.

Au milieu du XIIe siècle, Pierre, dit de Lobaner, comte de Bigorre et vicomte de Marsan (le fondateur de Mont-de-Marsan), releva l’ancien couvent de ses ruines et fonda l’église entre 1140 et 1163, date de sa mort. Pierre de Marca précise dans son Histoire du Béarn (1640) que cette fondation aurait eu lieu à une demi lieue de l’emplacement du premier monastère dit  de la Castelle, dont le souvenir est conservé par le lieudit du même nom au sommet du promontoire de Duhort .
Il en fit don au monastère de la Case Dieu, maison mère, et y appelle l’Ordre des Prémontrés, vers 1159


Les bâtiments de cette nouvelle abbaye furent anéantis lors des guerres de Religion. Les huguenots de Montgomery ont détruit les bâtiments et ses archives le 7 septembre 1569, anéantissant les titres de propriété et les anciens manuscrits  brûlés ou volés. Selon Monlezun dans son Histoire de la Gascogne (1850), on y brûla quelques religieux au pied d’un ormeau qui s’élevait à la porte du monastère.

Après un incendie en 1728, un nouveau monastère fut bâti entre 1740 et 1760, et en 1766, on comptait seize clercs dans le monastère et quatorze dans la paroisse. En 1789, les dix clercs encore présents durent s'exiler lors de la Révolution qui mit un terme définitif au rayonnement de l’abbaye
 

Saisie lors de la Révolution, elle devint un temps propriété de la la ville de Saint-Sever, puis offerte à la famille de Caupenne d’Amou en dédommagement d’un prêt consenti, pour la reconstruction de la cathédrale de Dax. Ne reste aujourd’hui que le logis de l'Abbé, transformé en château. Le reste, comme la chapelle et le cloître, fut démoli au XIXe siècle (1832)  et le mobilier dispersé aux environs. Ainsi, le portail d'entrée fut démonté et transporté en 1839 pour être remonté  au château d'Amou.